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La Douce

LA DOUCE

Mon(s)tre - Un royaume pour un cheval

LA DOUCE : DU LIVRE À LA SCÈNE

Outre la nature de l’écriture, un autre aspect de la nouvelle justifie la raison pour laquelle cette oeuvre livresque peut trouver sa place sur les planches: L’un des points les plus troublants est l’aller-retour constant du personnage de l’homme, du soliloque solitaire à une parole adressée directement à un auditoire imaginaire : tyran domestique, tenaillé par la culpabilité, sa nuit blanche le fait s’inventer un jury auquel il va conter l’histoire de son mariage, d’abords pour se défendre, et finalement s’accabler. Cette convention littéraire, qui rapproche la lecture de la nouvelle de celle d’une pièce de théâtre, porte aussi la marque de l’intrigue policière. Les oeuvres de Dostoïevski, pour aussi monumentales soient-elles, se dévorent comme n’importe quel roman noir, et nombreuses d’entre elles s’articulent autour d’un crime : le meurtre originel de l’usurière ou du père dans Crime et Châtiment et Les frères Karamazov, meurtre à venir et programmé de l’amante dans l’Idiot. La Douce raconte aussi un meurtre, un meurtre à petit feu, lent, et l’arme du crime est l’orgueil de cet homme, le mobile, une haine de soi qui fait tourner au cauchemar le quotidien du mariage. Mais contrairement à l’intrigue policière traditionnelle, il ne s’agit pas de savoir qui a perpétré le crime : on le sait souvent depuis le début, mais la vérité, la lumière se feront, non aux yeux de la justice humaine, mais à ceux de l’assassin. Il n’est pas étonnant que la situation démarre en pleine nuit pour se finir aux premières lueurs du soleil, un soleil d’aurore qui a déjà les traits d’un cadavre.
La parole au galop du prêteur sur gages, la présence des «messieurs» à qui ce monologue s’adresse, conduisent à la fin de l’aveuglement, au passage douloureux des ténèbres à la lumière de la vérité. C’est un motif important que cet éclairage judiciaire et temporel pour notre traitement de la représentation.

Au final, rien de plus compliqué que de chercher la simplicité… Une table, une chaise, une lumière discrète, une piste son qui l’est autant, un chandelier aux bougies qui se consument, un métronome égrenant les secondes, une icône qui nous regarde…
Et avant tout, pour l’acteur, être au plus près du texte, de cette enquête se faisant sous nos yeux, des ruptures qui l’émaillent, de ce tunnel dans lequel avance inexorablement la vérité…
Ne pas non plus s’abimer dans le pathos et le tragique, le héros de la nouvelle est un homme coincé dans des principes et des schémas de pensées, jusqu’au ridicule…. Ce serait erreur de prendre Dostoïevski uniquement dans la souffrance et la rage, une certaine désinvolture, légèreté, nonchalance font passer l’horreur de l’histoire avec plus de subtilité…. C’est un texte rempli d’humour, de malignité et d’ironie…
Et par son adresse permanente au public, le monologue joue sur les réactions, les rires et silences du spectateur, dans une relation très intime et directe…

Mise en scène : Aurélien Serre

Jeu : Matthieu Grenier

Création lumières : Mathieu Delmonte

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Thank You Faust

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