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Thank You Faust

THANK YOU FAUST

Mon(s)tre - Un royaume pour un cheval

THANK YOU FAUST : VIVRE AVEC SES DÉMONS

2 ans ! Deux années de maturation et de gestation dramaturgique pour accoucher de Thank you Faust ! 24 mois.... Un nombre symbolique et chéri pour nous : dans la légende originelle, le savant Faust signe un pacte de 24 années avec le démon Méphistophélès qui se mettra ainsi à son service tout le long de cette période avant de pouvoir repartir dans ses enfers avec l’âme de l’orgueilleux docteur.

Du Livre Populaire de 1587 aux adaptations modernes de ce mythe jeune de 500 ans, nous nous sommes enfoncés dans les abysses infernaux en compagnie du vigoureux Marlowe, du romantique Goethe, du cynique Lenau, du labyrinthique Pessoa, du sensuel Calaferte, de l’ironique Valéry, du carnavalesque Ghelderode, du mélodieux Thomas Mann.... Une plongée où derrière les hublots de nos scaphandres, nous avons vus, hallucinés, les visions de De¬lacroix, Bosch, Milton, Dante, la Marguerite enchainée du Faust de Murnau.... de la beauté diabolique de Gérard Philippe jusqu’aux diables hollywoodiens, pour finir, presque chavirés, dans les errances picturales de Sokourov.... Et les oreilles compressées par les litanies de Baudelaire, les messes noires de Huysmans, les chants d’amour démoniaques de Marina Tsvétéïava.... et bien d’autres auteurs satellites et amis...
2 ans pour faire de tout ce petit monde des proches et des intimes... 2 ans pour les oublier ! 2 ans pour que leurs empreintes s’estompent et pour que nos rêveries prennent leurs formes bien à elles.

« Faust : 24 années ensemble, 15810 tours du monde, 668666 bouteilles de vin dégustées, 4 voyages dans l’espace, 478 964 femmes visitées, et une nouvelle jeunesse. Et, ce soir, le sablier du temps a fini de couler pour toi, mon ami, et je repars avec ton âme... Mais avant tout ça, je veux lever ce verre pour toi et te dire merci... merci Faust ! »
Ainsi commence la dernière heure de l’éminent docteur qui avait vendu son âme au Diable... Les convives sont rassemblés autour de deux grandes tables de banquet, sous la lumière des lustres, présidées par leurs hôtes : le vieillard redevenu jeune homme et son maître d’hôtel, Méphistophélès, qui savoure d’avance son congé et ses retrouvailles avec l’enfer. Une dernière heure pour fêter dignement une existence plus que remplie dans un décor où les orgies ont succédé aux orgies : charniers de bouteilles, vieux souvenirs entassés dans des cartons, vaisselles brisées, nappes où se sont répandus des hectolitres de vinasse.... Si vous espériez faire bombance à la table de Faust vous serez pourtant bien déçus : cette ultime orgie a un goût de calciné, de déjà consumé...
Six bouteilles de sable... Voilà ce qu’il reste de temps à Faust... six bouteilles qui attendent d’être versées pour que les 24 années de cohabition s’achèvent et pour que Faust ait enfin fait son temps....


Mais entre les vieux comptes à régler, les anecdotes, les amours piétinées, les radotages, les histoires qu’on déterre, les toasts et les chansons à boire, les discours enflammés, ce n’est plus à une mise à mort que nous assistons :
Faust est un phénix, son désir de Vie, de Tout, de Plein s’accroche, cavale, s’extirpe des cendres, balaie le temps, chute encore dans le néant, et encore se relève... Le désir qui toujours naît, meurt, ressuscite, sursaute et tressaute.
Thank you Faust n’est plus alors que la lutte entre deux forces : la Vie qui refuse de se pétrifier, la Vie qui refuse de mourir.
Et sa Nuit qui se sent si seule. La Nuit qui aussi se refuse à mourir. La Nuit qui est et sera toujours plus belle que Tout.


Tout le monde ressent le besoin de se sauver ou de se perdre avec les fantômes qui l’agitent, tout le monde veut s’en affranchir ou composer avec eux. Tout le monde est un jour descendu en enfer.
August Strindberg, Georg Kaiser ont écrit de formidables drames à stations, où le héros atteint au bout d’un long chemin la rédemption éternelle ou la malédiction à perpétuité, Thank you Faust se focalise sur la dernière station, sur ce qui se passe entre l’Homme et lui même avant que le dernier grain de sable ne tombe. Faust et Méphisto ont en commun d’avoir eu des ailes, d’avoir désiré plus que ce que l’Autre leur a donné, et d’avoir chuté : et si ce à quoi le public vient assister n’était autre qu’une alternative au Salut et à la Damnation : être les témoins d’une réconciliation entre ces deux entités ?

Mise en scène et Jeu : Matthieu Grenier & Aurélien Serre

Création lumière : Arianna Thöni

Scénographie : Claire Davy

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La Douce

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